Engagé au sein de la classe Ocean Fifty où la bataille s’annonce féroce dès les premières heures de cette Route du Rhum – Destination Guadeloupe, le skipper de Komilfo s’est préparé avec le maximum de sérénité possible. Rompu à la tension inhérente aux grands départs, il raconte avec calme et détermination sa gestion des dernières heures avant de s’élancer.
Les derniers préparatifs.
« Jeudi, c’était la dernière journée pour vérifier la « job list » sur des détails comme des aspects liés à l’étanchéité. J’ai demandé à l’équipe technique que le bateau soit prêt dès jeudi soir. Ce vendredi, on peaufine l’organisation logistique pour le départ, on vérifie une dernière fois tout ce qu’on a pu faire sur le bateau, pas uniquement pour des raisons techniques mais aussi parce que ça fait du bien au moral. Ensuite, je veillerai à adapter l’avitaillement et mes vêtements aux conditions météorologiques des premiers jours. »
« Assez content de la gestion de l’avant course »
Le dernier week-end avant le départ.
« Samedi, à J-1, on sortira le bateau des écluses. Il faut répondre à la foule, à l’animation, ressentir l’ambiance. On se focalisera beaucoup sur la météo avec un briefing et des échanges avec la cellule de routage. Je vais essayer de me reposer aussi et profiter une dernière fois de mes proches avant le grand départ dimanche. »
Le quotidien au village.
« Il y avait beaucoup de sollicitations avec les partenaires et les médias. J’ai sûrement perdu un peu d’énergie mais je sais que cela reste raisonnable. Cela ne m’a pas empêché de faire régulièrement du sport, de bien manger, de prendre du temps pour moi. Je suis assez content de ma gestion de l’avant course. »
La météo du départ.
« Nous sommes dans un schéma assez classique de mois de novembre avec un train de dépressions qui passe sur la France. Ça emmène forcément du vent et une mer croisée et déchaînée. Dès la première nuit, il faudra faire face à la tempête. Je me sens prêt pour ça. J’attends avec impatience d’avoir une idée plus précise des options qui s’offrent à nous afin de faire les bons choix, ne pas casser le bateau et tout donner. »
La gestion du stress.
« Forcément, il y en a un peu ! Ce qui me stresse, c’est l’impression de ne pas avoir fait assez, d’avoir oublié quelque chose. Mais on va justement s’évertuer jusqu’au départ à répondre à ces inquiétudes. Ce qui fait toujours peur, c’est l’inconnu. Mais avec l’expérience, on met en place des mécanismes pour désamorcer les craintes et tenter d’évacuer le stress. »
« L’équipe m’aide à prendre du recul »
La façon de se mettre dans sa bulle.
« Ma bulle, c’est plutôt un igloo que l’on compose brique par brique. Chaque case est une brique et je les coche une par une. Et quand j’ai tout coché, l’igloo est terminé et on est prêt. »
Le passage des écluses du trimaran Komilfo lors de son arrivée à Saint-Malo © DR Route du Rhum
Le plaisir dans la préparation.
« Bien sûr qu’il y en a, notamment grâce à l’émulation au sein de l’équipe et à l’engouement, l’adhésion populaire autour de l’événement. Ce qui n’est pas évident, c’est de ressentir du plaisir tout en restant extrêmement concentré sur un objectif. Mais l’équipe m’aide à prendre du recul, à prendre le temps de regarder le chemin parcouru et à réaliser la chance que l’on a de mener un tel projet. »
La gestion du rythme en course.
« En tant que compétiteur, on n’est jamais engagé pour ralentir. Pourtant, à bord de nos Ocean Fifty, il faut parfois savoir les ménager et donc ralentir pour bien gérer. Tout le dilemme est de savoir comment ménager sa monture tout en essayant d’être le plus rapide possible. C’est une question qui est ancrée dans l’esprit de chaque skipper. »
L’état d’esprit au moment du départ.
« À 13h02, ce dimanche, je pense que je serai « hyper focus », concentré sur mon bateau, déterminé à aller vite et au bon endroit… Je sais qu’il faudra être attentif aux autres bateaux et que la concentration sera nécessaire dès la première nuit où on rentrera dans le vif du sujet. Je ne suis pas sûr qu’on pourra vraiment profiter et se détendre avant les quelques premiers jours de course. »