Voilà plus d’un mois qu’Eric Péron est en mer à bord de son Ocean Fifty Komilfo à enchaîner les régates en équipage. C’est un tout nouvel exercice qui se présente au skipper finistérien ce dimanche 17 juillet, puisqu’il s’alignera au départ de la Drheam Cup, un parcours en solitaire de 1000 milles.
La route, Eric Péron la connaît déjà puisqu’elle reprend pratiquement le parcours de la finale du Pro Sailing Tour : départ de Cherbourg-Octeville, navigation le long des côtes anglaises, Fastnet, descente jusqu’à la bouée Bxa, à l’entrée de l’estuaire de la Gironde, avant un dernier bord jusqu’à la Trinité sur Mer où sera jugée l’arrivée; une nouvelle compétition qui doit lui permettre de mettre en application tous les enseignements issus du circuit Pro Sailing Tour et de se tester une dernière fois, en course et en solitaire avant la Route du Rhum – Destination Guadeloupe.
Eric, quel bilan tires-tu de ta première participation au circuit Pro Sailing Tour ?
« Ce circuit en équipage a été super instructif. Sportivement, le niveau est quand-même haut et très homogène sur le circuit ; la confrontation sportive, bord à bord, est vraiment sympa. Pour une première participation, en découvrant le support Ocean Fifty, on peut dire qu’on fait un joli résultat (5éme au général).
Techniquement, on a validé pas mal de choses sur Komilfo, à commencer par la vitesse dans le petit temps, ce qui est un peu surprenant vu l’âge du bateau, son design, son poids… Komilfo est un bateau techniquement sain, fiable et globalement facile.
L’autre point ultra positif, c’est que je me sens vraiment à l’aise à bord, en confiance pour une utilisation en solitaire. Je suis bien familiarisé avec le cockpit ce qui me permet d’avoir mes marques à bord notamment pour les manœuvres. Et j’arrive aussi à bien « sentir » le bateau et ses réactions. Même s’il reste encore à explorer, en particulier dans du vent fort, cette recherche de sensations est essentielle parce qu’elle permet d’anticiper les mouvements et d’appréhender les limites du bateau en navigation.
Enfin, humainement, l’expérience a également été très riche. C’est la première fois que je me trouve, en course, dans le rôle à la fois de skipper et de manager d’une équipe. Il faut savoir composer avec les savoir-faire de chacun, organiser son temps, transmettre, déléguer, accompagner, faire confiance… Je crois que beaucoup de chefs d’entreprises se reconnaîtront dans cette gymnastique. Pour moi qui ait assez souvent navigué en solitaire où tu es, par définition, seul maître à bord, libre de ton organisation, de tes décisions, ces navigations en équipage ont constitué un bel apprentissage. «
Quels sont tes objectifs pour la Drheam Cup ?
« L’idée, sur la Drheam Cup, c’est de me roder au large en solitaire sur le support et d’entrer en configuration Route du Rhum qui reste l’objectif principal de cette première année en Ocean Fifty.
Il s’agit de créer une dynamique propre à la navigation en solitaire en termes de rythme, de routage, de gestion des manœuvres, de communication, de prise de risque, et de valider une méthode. L’exercice sur un multicoque est vraiment différent de ce que j’ai pu connaître auparavant : les bateaux sont véloces, pour ne pas dire instables. Ils demandent une attention et une gestion très particulières. En Ocean Fifty, on partage beaucoup, et en permanence avec la cellule de routage et l’équipe à terre. Ici, je ne suis plus complètement seul pour prendre mes décisions, la stratégie ou la gestion de la machine. J’ai des anges gardiens qui veillent aussi au(x) grain(s). C’est un exercice tout à fait nouveau pour moi et c’est super important d’autant qu’après un gros mois de navigation, je crois qu’on est tous bien fatigués. La Drheam Cup va servir de galop d’essai pour toute cette mise en place. Du coup j’ai plus un objectif de travail bien fait que de résultat à proprement parler, même si évidemment, dès qu’on est sur l’eau, en course, on a forcément envie d’aller chercher la meilleure place possible. «