Changement de décor pour la flotte du Pro Sailing Tour qui a posé ses amarres, en fin de semaine dernière, en Baie de Saint Brieuc dans le joli port de Saint Quay Portrieux. Le coin est réputé pour être très technique : un terrain miné, truffé de pièges pour les marins avec de nombreux cailloux à fleur d’eau, un vent souvent instable et perturbé par la côte, un marnage important… autant d’ingrédients pour pimenter le troisième épisode du circuit.
Après cet épisode en Baie de Saint-Brieuc, la flotte du Pro Sailing Tour s’est élancée vers Cowes (Île de Wight) d’où elle prendra le départ ce mercredi à 19h00 du « Final Rush » qui bouclera le Pro Sailing Tour 2022.
Komilfo joue les trublions sur les régates Inshores
« Après la phase d’exploration, on a presque toutes les manettes du bateau et on n’est pas loin de passer de l’observation à la réalisation« , déclarait Eric Péron la semaine dernière. Aussitôt dit, aussitôt fait, sur les premières confrontations, vendredi et samedi, le skipper et son équipage confirment leur niveau d’engagement en venant titiller les meilleurs et leur disputer les premières places. Au terme de ces deux jours de navigations au contact, l’équipage se hisse à la quatrième place du classement !
De quoi se sentir en confiance pour le nouveau défi offshore disputé entre la Baie de Saint Brieuc et Cowes et dont le départ est donné dimanche.
48 heures de course à bord de Komilfo
Le parcours proposé est plus copieux que les précédents défis 24H avec 515 milles de navigation en Manche et encore une fois très technique. Ici, il faut jouer avec les marées, faire sa place au milieu du trafic maritime de la Manche, rejoindre Wolfrock, anticiper les dévents de la côte anglaise pour rallier les Needles avant d’enchaîner sur le tour de l’île de Wight qui marquera l’arrivée de cette grande course.
Malgré un départ mitigé, l’équipage de Komilfo reste longtemps dans le match, à quelques encablures de la tête de flotte jusqu’à la pointe occidentale de l’Angleterre. Le grand bord le long des côtes est plus délicat, les écarts se creusent inexorablement à la faveur de conditions légèrement plus avantageuses à l’avant. Eric, Thomas Le Breton et Clément Giraud ne lâchent rien et reviennent sur Solidaires en peloton Arsep, sans toutefois réussir à le déborder.
Au matin de ce deuxième jour de course, le flux de nord-ouest s’écroule et alors que les premiers passent la ligne d’arrivée, Komilfo bataille dans les petits airs pour boucler, à son tour, ce parcours offshore, à la cinquième place.
Une petite nuit et ça repart…
Après cette belle étape, les équipages n’ont donc qu’une petite nuit pour récupérer avant de repartir pour l’ultime épreuve du circuit : le Final Rush. Les hostilités reprennent en effet dès aujourd’hui, mercredi à 19h (heure locale).
Pour cette finale, les sept Ocean Fifty partiront pour un long parcours qui les amènera au phare du Fastnet, jusqu’à Skellig Islands (au sud-ouest de l’Irlande). Ce sera alors l’heure de replonger au sud pour aller virer Belle-île avant de remonter toute la côte bretonne jusqu’à l’île de Batz et l’arrivée à Roscoff, prévue samedi 9 juillet.
Ils ont dit :
Clément Giraud à propos des régates inshores
« On est ravi de nos résultats, confiait Clément Giraud dimanche ; On a super bien navigué ! Il faut avouer qu’entre Eric Péron, Thomas Le Breton, Gaston Morvan, et Christophe Boutet, il y a quand-même un sacré niveau de navigants à bord de Komilfo ! L’équipage a bien fonctionné avec une très bonne communication à bord.
Les conditions étaient supers » tricky » comme on dit dans le milieu : vents légers très instables avec beaucoup de variations et des renverses de courant à négocier, ce qui a engendré beaucoup de rebondissements. Il fallait savoir être à la fois patient et opportuniste. Toutes les régates se jouent au contact, les bateaux sont hyper proches, c’est très excitant de naviguer comme ça. Pendant ces deux belles journées inshores, on est venu bousculer l’ordre établi ! Et ça, c’est une grosse satisfaction ! «
Eric Péron, skipper de Komilfo, à propos du Défi Saint Brieuc – Cowes :
Globalement, le parcours de cette grande course était intéressant, avec une mer assez plate et de bonnes sensations de glisse.
Le départ devant Saint Brieuc a été vraiment sensationnel avec un peu de vent dans les voiles pour montrer de quoi sont capables ces bateaux ; ça c’était chouette ! On part un peu derrière mais on arrive à tenir la cadence. On récupère la flotte à Portsall mais sur la négociation de la dorsale anticyclonique, où, plus tu es en avance, plus tu gagnes, on se refait distancer. Il a fallu enchaîner les virements pour aller chercher la rotation à l’ouest en longeant le DST. A Wolfrock, comme on est positionné un poil en dessous, on n’arrive pas à faire la marque en une seule fois et malheureusement le vent a choisi de s’écrouler à ce moment-là ce qui nous fait perdre un peu de terrain.
Au sud des côtes anglaises, ça se tasse un peu devant mais à la baie suivante, ça repart, encore par devant : on a vu s’envoler nos concurrents … un retard qu’on n’a jamais pu récupérer.
Je suis ravi de naviguer avec Clément [Giraud] et Thomas [Le Breton], des marins de qualité. Tout se passe super bien à bord ; nous avons nos marques et tenons un bon rythme. On sait que le bateau est un peu plus vieux et un peu plus lourd que ceux de nos concurrents ce qui est forcément un petit désavantage dans certaines conditions.
Pour la suite et la course à venir demain, on connaît maintenant les points forts et les points faibles du bateau. J’espère que le parcours et la météo vont nous offrir un peu plus de jeu et qu’on pourra, à ce moment-là, faire la différence.